Best of Verviers | |||
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Best of galerie : Découvrir les artistes de notre région |
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«La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil.» René Char |
La chanson du mal aimé (Apollinaire) Mon beau navire ô ma mémoire Avons-nous assez navigué Dans une onde mauvaise à boire Avons-nous assez divagué De la belle aube au triste soir
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« On ne fait pas la poésie avec des tracts. On la fait avec sa gueule bien
ouverte sur les verbes habituels et de préférence actifs. » Léo Ferré |
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L'artiste (Raymond Devos) Sur une mer imaginaire, loin de la rive ... L'artiste, en quête d'absolu, joue les naufragés volontaires ... Il est là, debout sur une planche qui oscille sur la mer. La mer est houleuse et la planche est pourrie. Il manque de chavirer à chaque instant. Il est vert de peur et il crie : « C'est merveilleux ! C'est le plus beau métier du monde ! »
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« Un silence, voilà qui est suffisant pour expliquer un cœur. » Molière
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Le voyage Charles Baudelaire VIII Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! Levons l'ancre ! Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons ! Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre, Nos coeurs que tu connais sont remplis de rayons !
Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte ! Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ? Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau !
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« A force de sagesse, on peut être blâmable. » Molière
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Le bateau ivre (Rimbaud) (…) Et dès lors, je me suis baigné dans le
Poème (…) Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes
sont navrantes. (…) |
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« L'amour rend agile à tout l'âme la plus pesante. » Molière |
La mémoire et la mer (Léo Ferré) La marée je l'ai dans le cœur Qui me remonte comme un signe Je meurs de ma petite sœur De mon enfant et de mon cygne Un bateau ça dépend comment On l'arrime au port de justesse Il pleure de mon firmament Des années-lumière et j'en laisse Je suis le fantôme Jersey Celui qui vient les soirs de frime Te lancer la brume en baisers Et te ramasser dans ses rimes (…)
Cette rumeur qui vient de là Sous l'arc copain où je m'aveugle Ces mains qui me font du flafla Ces mains ruminantes qui meuglent Cette rumeur me suit longtemps Comme un mendiant sous l'anathème Comme l'ombre qui perd son temps À dessiner mon théorème Et sur mon maquillage roux S'en vient battre comme une porte Cette rumeur qui va debout Dans la rue aux musiques mortes C'est fini la mer c'est fini Sur la plage le sable bêle Comme des moutons d'infini Quand la mer bergère m'appelle
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« Bienheureux les fêlés car ils laisseront passer la lumière » Michel Audiard |
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Racontez-nous votre vie Pendant mes humanités à SFX un et mes Romanes à l’ULg, j’ai suivi des cours de théâtre et d’interprétation aux conservatoires de Verviers et de Liège, principalement dans la classe de Jacqueline Wankenne avec qui je travaille encore aujourd’hui et qui m’a appris l’essentiel de ce que je sais. Depuis lors, j’enseigne l’art dramatique à SFX un (option Arts d’expression) et l’Histoire du Théâtre à l’Académie Royale des Beaux Arts de Liège. Du point de vue artistique, j’ai réalisé plusieurs spectacles : sur Brel, sur Raymond Devos, sur Cocteau et, en solo cette fois, sur Léo Ferré. Depuis quelques mois, nous avons créé avec quelques amis, la plupart étant professeurs au conservatoire de Verviers, une compagnie théâtrale, « l’Oguste Théâtre », dont j’assure actuellement la présidence. Notre premier spectacle s’intitule « Et que faudrait-il faire ? ». Il s’agit d’un spectacle de textes poétiques, de plus d’une vingtaine d’auteurs de la littérature moderne et internationale, mis en scène autour du personnage du clown, symbolisant l’homme tragi-comique. Les projets à venir sont un spectacle sur Brel et Barbara ainsi qu’un autre sur les sketches de Harold Pinter. Parlez-nous de votre démarche artistique Ce qui me stimule, c’est la dimension poétique de toutes les œuvres. La poésie en tant que telle bien sûr, mais aussi le théâtre, la chanson…. Molière, Ferré, Devos, … sont des poètes qui utilisent un support, une forme, un genre littéraire particulier mais qui le transcendent par leur capacité à traduire leur vision du monde avec force et lucidité. C’est pour ça que j’ai choisi la citation de René Char : « La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil ». Pour moi, la lucidité c’est accepter la grande difficulté d’être au monde. Ce qui est intéressant chez ces auteurs, et chez tout grand artiste je pense, c’est la manière d’exprimer cette lutte, tantôt avec gravité, tantôt avec fantaisie... En général ce sont des êtres très sensibles, qui portent une souffrance importante, une conscience des drames humains mais qui la dépassent, qui la traduisent dans leurs œuvres, et qui en font un acte de partage pour que les gens trouvent la force d’affronter leurs propres difficultés. Parler de cela, c’est peut-être déjà trouver des chemins pour continuer son parcours dans l’existence, qui est toujours terrifiante mais avec des éclats extraordinaires aussi. C’est pour cela que j’aime cette citation car on se
fait une force, on se grandit, on se réchauffe à oser regarder la vérité en
face. C’est un peu le fil conducteur de ma démarche créative : comment , à
partir des grands auteurs qui ont osé regarder leur blessure et qui du coup
se sont rapprochés du soleil, en faire profiter le plus grand nombre mais de
manière belle, artistique, vivante ! |
Quels sont vos rapports avec Verviers, qu’en pensez-vous ? J’aime Verviers, j’y ai passé ma jeunesse, j’y ai quelques amis et beaucoup d’endroits me plaisent. L’Oguste Théâtre, notre compagnie, est une ASBL verviétoise qui cherche d’abord à présenter son travail au public régional, du moins pour le moment. C’est une ville qui a de nombreux potentiels artistiques mais je trouve qu’ils ne sont pas suffisamment mis en valeur ; il n’y a pas assez d’aide à la création et aux artistes. Il faudrait un lieu de rencontre pour les artistes, un endroit où l’on pourrait voir des choses un peu plus surprenantes, un peu plus engagées que celles rencontrées dans les sentiers battus...
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PRIÈRE BOHÉMIENNE |
POUR ECRIRE UN VERS (Les Cahiers de Malte Laurids Brigge) (Rainer Maria Rilke)
(…) Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas (c’était une joie faite pour un autre), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles – et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers.
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