Dieu inconstant pourquoy as tu laissé Le cœur qui fut par toy prins & blessé, Lors que le mien se sentit oppressé, De ta maistresse: Mieus se deuoit garder si bonne prise, Ou estre en moy plus douce flamme esprise, Puis qu'en la sienne auoit plus de faintise Que de chaleur. Plus seure foy meritoit sa valeur, Dont ie vey tant d'apparence & couleur, Que cela doit au moins à mon malheur Seruir d'excuse. Pis ne feit onc la teste de Meduse, Et toutesfois le mal ie n'en refuse, Puis que par luy se voit ample & diffuse Ma loyauté. Moins ne faloit de grace & de beauté, Pour palier si grande cruauté, Et pour gaigner tant de principauté Sur ma pensée. Qui pour se voir tresmal recompensée, Mon bien arriere & ma mort auancée. Laisser ne peult cet' ardeur insensée, Ny ce desir. |
Lequel plus fort que tout mon deplaisir, Cent fois de iour vient remettre à loisir Deuant mes yeus les biens qu'on peult choisir En sa personne. Biens que le ciel large à peu de gens donne, Forme, bon sens, grace & parole bonne, En la faueur desquelles ie pardonne Aus maus cachez. Si veus-ie bien, amour, que vous sachiez, Qu'à luy oter son honneur vous taschez, Lequel n'arreste en esprits entachez D'ingratitude. Et qui suyuans le chemin & l'estude De l'ignorance & sotte multitude, Aiment soymesmes, & n'ont solicitude De leurs amis. Iamais Perseus au ciel n'eust esté mis, S'il ne se fust pour la vie entremis De la princesse à qui estoit submis Le peuple More. Et au rebours le seul bien deshonore L'ingrat amy, que Philis pleure encore, Dont la pitié souuent me decolore, Et me reueille. Sentant ma cause à la sienne pareille, Car quoy qu'amour ou le temps m'apareille Le mal present, la mort plus me conseille, Que viure ainsi. |
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