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Adrian le Roy

CINQIESME LIVRE DE GVITERRE

1554

 

6. Ie ne sçay que c'est qu'il me faut.

Ie ne sçay que c'est qu'il me faut
Froid ou chaud,
Ie ne dors plus ny ne veille:
C'est merveille
De me voir sain & languoureus:
Ie croy que ie suis amoureus.

En quatre iours ie ne fais pas
Deus repas,
Ie ne voy ne bœuf ne charrue:
I'ay la rue,
Pour me pourmener nuit & iour,
Ie fuy l'hostel & le seiour.

Aussi il m'estoit grand besoing
D'auoir soing,
Qui auroit des dances le pris:
Ie fu pris,
Et m'amusay tant à la feste
Qu'encores m'en tourne la teste.
Ie ne sçay ou le mal me tient,
Mais il vient
D'auoir dancé auec Catin:
Son tetin
Aloit au branle, maudit soy-ie,
Il estoit aussi blanc que neige.

Elle auoie son beau colet mis
De sarnis:
Son beau surcotte rouge & ses manches
Des dimenches,
Vn long cordon à petits neuds,
Pendant sur ses souliers tous neufs.

Ie me vey getter ses yeus verds,
De trauers,
Dont ie fey des faus plus de dix,
Et luy dis,
En luy serrant le petit doy,
Catin, c'est pour l'amour de toy.
Sur ce point elle me laissa,
Et cessa
De faire de moy plus de compte:
I'en en honte
Si grande que pour me cacher,
Ie fey semblant de me moucher.

Ie l'ay veue vne fois depuis
A son huis,
Et vn autre alant au marché.
I'ay marché
Cent pas pour luy dire deus mots,
Mais elle me tourne le dos.

Si ceste contenance fiere
Dure guere,
A dieu grange, à dieu labourage,
I'ay courage
De me voir gendarme vn matin,
Ou moyne ne en despit de Catin.

 

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