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Adrian le Roy

CINQIESME LIVRE DE GVITERRE

1554

 

2. L'esté chault bouilloit.

L'esté chault bouilloit.
Et l'œil de ce monde
Encores ne mouilloit
Sa perruque blonde
Dans la mer profonde:
Mais au hault seiour
De sa face ronde
Faisoit my iour.

Au lict me posay
Pour frechement estre,
Et me reposay
Pour mon aise croistre:
Tant fut la fenestre
Propre à mon desir,
Qu'on n'eust sceu congnoistre
S'il fut iour ou nuict.

Fermée à demy,
A demy ouuerte,
Melloit nuict parmy
Clarté descouuerte:
La forest couuerte
De fueillage frais
Monstroit l'herbe verte
En tel ombre espais.

Voicy arriuer
Celye tant blanche,
Qu'on voit en yuer
Neige dessus branche:
Sa vesture franche
Sa ceinture ouuroit
Vne freme hanche,
Qui rien ne courroit.
Son poil long doré
Iusqu'à la racine
Pendoit esgaré
Dessus sa poictrine:
Luy faisant crespine
D'or, au blanc tetin,
Plus poignant qu'espine,
Plus lis que satin.

D'elle m'aprochay
Sous amoureus signe,
Et luy arrachay
Sa chemise fine:
Elle d'une mine
Honteuse à l'ouurir,
Sa beauté diuine
S'efforçoit couurir.

Mais en debatant
Comme ia batue
Fut du combatant
Bien tost abatue,
Qui la serra nue
Dans douce prison,
Aisement vaincue
Par ma trahison.

Mon dieu quelle lors
Espaule touchay-ie,
Quels bras beaus & forts
Vey-ie & empongnay-ie:
Quel tetin cachay-ie
Tout dedans ma main.
Quelle blanche neige
Vey-ie sur son sein.
Quel ventre arondi
Que ride ne plisse,
Quel bas rebondi,
Quelle ronde cuisse,
Quelle hanche propice,
Quel ferme costé,
Pour courir en lice
Du dieu de beauté.

Mais qu'est il besoing
Que pour vn ie compte,
Ie vay son tout loing
De blasme & de honte:
Et pour fin du compte
La pressoye si fort,
Qu'elle me surmonte
D'un semblable effort.

Que diray-ie plus,
Chacun peult entendre
Quel fut le surplus
De ce debat tendre:
Contraint fus de me rendre
Lassé du combat,
Or dieu me doint prendre
Souuent tel esbat.









 

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