Ie ne veux plus à mon mal consentir, Et du passé ie me veux repentir: Ce qui ha eu sur moi tant de pouuoir, Lon ne verra plus mon cur deceuoir. Ie ne veux estre au nombre de ceux, Qui mille rets ont tendu entour eux, Et à clos yeux sans conduite courants Cent mille fois en une heure mourants. Ie ne veux plus qu'on me voye suyuant Ce ieune dieu, qui est tant deceuant, Qui paist noz yeux d'apparente beauté, Et tous noz curs de fainte loyauté: Qui de noz maux s'esioyt tellement, Que noz ennuyz luy sont contentement: Et n'ha plaisir qu'en noz plus genads malheurs, Se nourissant de noz larmes & pleurs. I'ay trop apprins sa faulse & et dure loy, Et trop souuent fait preuue de sa foy: I'ay trop apprins comme il veult vanité, Dissimuler soubs vne deité. |
Ce qu'est amour, trop sçay-ie par ses faicts, Trop ie sçai comme ensemble guerre & paix Amour sçait faire, & comme en vn moment Des voluntez, il fait grand changement. Ie sçay comment il sçait poindre & voller, Et comme il sçait noz curs prendre & voller: Et sçay combien d'un bon entendement Il sçait priuer de sens & iugement. Ie sçay combien de certaines douleurs, D'espoirs douteux, & asseurez malheurs Amour nous donne: & combien de trauaux Il fait souffrir, aux amants plus loyaux. Ie sçay comment Amour tient en noz os Son feu caché, nous priuant de repos: Et comme il sçait se faindre & se former, Pour en autruy apres nous transformer. Brief, ie sçay tant que c'est de son pouuoir, Que plus n'en veux apprendre ne sçauoir: Et voudroye bien n'en auoir rien appris, Comme en ay fait beaucoup à bien grand pris. |
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