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Adrian le Roy

SECOND LIVRE DE GVITERRE

1555

 

8. Quand i'entens le perdu temps.

Quand i'entens
Le perdu temps
De plusieurs qui sont à moi,
Ie me ris
Des bien marris,
Et me baigne en leur esmoi.

Ie me ris
De rompre paix
En leur esprit toumenté:
Pour le bien
D'un qiu est mien,
Rendre beaucoup augmenté.

Tous les plaints
Des amants pleins
De dissimulation,
N'ont pouuoir
De faire voir
A ma foi mutation.

Car ie veux
Que tous mes vœux
S'adressent au seul endroit,
Qui vainceur
Est de mon cœur,
Non moins seur que le sien droit.

Ie l'ai veu
Si bien pourueu
De grace & d'honnesteté,
Que ie sents
De tous mes sens
En luy mon corps arresté.
Si par fois
En luy ie fais
Essai de dur traitement:
Non pourtant
Son cœur constant
N'en prend aucun changement.

Or amys
De moi desmis,
Cherchez ailleurs amytié:
Ie ne veis,
A mon auis,
Iamais en vous ma moytie.

Mais, ô vous
Aimé sur tous,
Iouyssez de leur desir:
Et de leur
Bien grand malheur,
Comme moi prenez plaisir.

Leurs ennuys
A vous ie puis
Bien compter par les menuz:
Vous rirez,
Quand vous orrez
Les propos qu'ils m'ont tenuz.

L'un me dit
Que le credit
Dont vous estes herité,
Estoit deu
Au temps perdu
De son infelicité.
L'autre fait
Son cas parfait,
Et me paint sa loyauté:
Et tandis
Il met ses dicts
En queste d'autre beauté.

Trois i'en sçai
Qui font essai
D'auoir place en plus d'un lieu:
Mais aussi
Tout mon souci,
N'est que de leur dire, adieu.

Adieu donc
Menteurs, qui onc
N'eustes foi, ne loyauté:
Et venez
Vous qui tenez
Iusques icy fermeté.

Mais à l'œil
Voyez le dueil
Auquel ie mets tous ceux cy:
Car si mieux
Ne faites qu'eux
Ie vous ferai tout ainsi.







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