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Adrian le Roy

SECOND LIVRE DE GVITERRE

1555

 

18. Vne m'auoit promis.

Vne m'auoit promis.
Que ie seroye receu
Par sus tous ses amys,
Mais elle m'ha deceu.

Chacun soit auerty
De faire comme moi:
Car d'aimer sans party,
C'est vn trop grand esmoi.

Amour au vif me poinct,
Quand bien aimé ie suis:
Mais aimer ie ne puis,
Quand on ne m'aime point.

Plus ne suis de ceux la
Qui se paissent des yeux,
Ou d'un ris gracieux,
I'aime mieux que cela.
C'estoit au temps passé
De mes ieunes amours,
Que i'estoye insensé,
Quon me faisoit ces tours.

Si i'eusse aussi bien sceu
Son peu de loyauté,
Iamais ne m'eust deceu
Sa trop grande beauté.

Telle s'abusera,
Qui me pense abuser:
Telle s'embrazera,
Qui me pense embraser.

Non que ie soye si beau
Qu'on me doiue prier,
Mais ie ne suis pas veau,
Qu'on puisse ainsi lier.
Amour c'est grand plaisir,
Quand il est bien conduit:
Mais il ne faut choisir
La fueille pour le fruict.

Ny l'ombre au lieu du corps,
Ny paille au lieu du grain:
Chacun soit donc recors
De n'aimer point en vain.

I'aimerai de bon cœur
Celle qui m'aimera:
Mais qui me trompera,
Me trouuera trompeur.

Elle m'auoit promis,
Qu'ensemble serions mis,
Le corps non seulement,
Le cœur entierement.

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