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Adrian le Roy

SECOND LIVRE DE GVITERRE

1555

 

13. Helas mon dieu, y ha il en ce monde.

Helas mon dieu, y ha il en ce monde.
Dueil ou ennuy, dont on ait congnoissance,
Qui soit egal à ma douleur profonde.

Helas mon dieu, si i'auoye la puissance
De declarer la peine que ie porte,
Ce me seroit vne grande allegeance.

Helas mon dieu, pitié est elle morte !
Qui luy defend que mort ne me contente,
Puis qu'autre espoir ie n'ay qui me conforte ?

Helas mon dieu, le fruict de mon attente
S'en va passant, comme songe ou fumée,
Et ma douleur est seule permanente.

Helas mon dieu, amye trop aimée,
Voyez vous point à mon dueil importable
Vostre grand tort, & foi peu estimée ?

Helas mon dieu, amytié perdurable,
D'ingrat oubly est mal recompenseée:
I'en ay la peine, & l'autre en est coupable.
Helas mon dieu, qui sçauez ma pensée,
Soyez content que d'elle me deporte,
Mettant à fin l'œuure mal commencée.

Helas mon dieu, ce cas me desconforte,
Que mon cœur gist en bien poure asseurance:
Mon desir croist, & l'esperance est morte.

Helas mon dieu, puis que perseuerance,
Ne loyauté, ne ma peine trop dure
N'ont profité, meure toute esperance.

Helas mon dieu, si d'heureuse auenture
Mort à mon mal donner fin plus retarde,
Ne croi iamais que par douleur on meure.

Helas mon dieu, si ma mort tant luy tarde,
Ordonnes luy qu'apres ma sepulture,
Tard repentie elle entende & regarde,
Que plus ma foi que sa cruauté dure.



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