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Adrian le Roy

SECOND LIVRE DE GVITERRE

1555

 

10. Plus ne veux estre à la suite.

Plus ne veux estre à la suite
D'un aueugle sans conduite,
Et sans loy,
Et de bon cœur le tiens quite
De sa foi.

Qui m'a tant de fois iurée,
Et si souuent pariurée,
Que ne puis
De luy moins estre asseurée
Que ie suis.

Pour seur ie ne veux plus estre
A si faux & ieune maistre,
Qui ne paist
Tout noz yeux que d'apparoistre,
Ce qu'il n'est.

Auecques luy difference
N'ha aucune apparence
Sans le bien,
De valeur ou d'excellence
Il n'ha rien.






S'il est beau c'est en painture,
S'il est bon, tel il ne dure:
S'il est doux,
C'est pour cacher la pointure
De ses coups.

Quand il va en quelque queste,
Et que son arc il appreste
Pour tirer,
On ne le peult plus honneste
Desirer.

Plus il n'ha chere amoureuse
Et parolle gracieuse,
Plus l'aigreur
De sa colere ennuyeuse
Me fait peur.






Alors que plus il desire
De mettre vn cœur à martyre
Douloureux,
Il folastre & fait vn rire
Gracieux.

Il fait lors le beau, le sage,
Ne monstrant à son visage
Rien d'amer,
N'y rien dont on peult volage
L'estimer.

Qui est exempt de sotize
Congnoist bien telle faintise,
Et ne craint
N'estimer n'aimer ne prise
Dieu si faint.

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