Laissez la verte couleur, O princesse Cytherée, Et de nouuelle douleur Vostre beauté soit parée. Pleurez le fils de Myrrha, Et sa dure destinée: Vostre œil plus ne verra, Car sa vie est terminée. Venus à ceste nouuelle Remplit toute la vallée D'une complainte mortelle, Et au lieu s'en est allée, Ou le gentil Adonis Estendu sur la rosée, Auoit ses beaux yeux ternis, Et de sang l'herbe arrousée. Dessous vne verte branche Auprès de luy s'est couchée, Et de sa belle main blanche Sa playe luy ha touchée. |
O nouuelle cruauté De voir en pleurs si bagnée La deesse de beauté, D'amy mort acompagnée ! L'un est blessé & tranfix Aux flans par beste insensée, Et l'autre l'est de son fils Bien auant dens la pensée. Mais l'un sa playe ne sent, Personne ia trespassée, Et l'autre ha le mal recent De sa douleur amassée. Toutesfois de mort attaint Il n'ha de rien empirée La grand beauté de son taint, Des Nymphes tant desirée. Mais comme vne rose blanche De poignante ongle touchée Ne peult tenir sur la branche, Et sur vn'autre est couchée. |
Ainsi le piteux amant Tenoit sa teste appuyée, Comme il souloit en dormant, Sur sa maistresse ennuyée. Et ne fut le sang qui sort De la partie entamée, Elle penseroit qu'il dort, A sa grace tant aimée. Autant de sang qu'il espand Dessus l'herbe coulourée, Autant de larmes respand La poure amante esplorée. Le sang rougit mainte fleur, Qui blanche estoit au tour née, Et mainte est de large pleur, En couleur blanche tournée. Ce taint leur demourera, Pour enseigne de durée, Tant que le monde sera De leur grand peine endurée. &c. |
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